Carte du père la chaise, Temps Suspendu





La carte est un arrêt sur image, un repère, une pause dans le temps, un moment propice à la recherche. Une carte. La recherche. « Du temps perdu » ou « suspendu ». Au fond, c’est presque pareil.
Dans ma carte du cimetière, on se perd et le temps passe. Comme dirait Wong Kar Wai, « Le voyageur en partance pour 2046 n'a qu'une idée en tête : retrouver ses souvenirs perdus. Car on dit que rien ne change jamais à 2046. Mais on ne peut pas en être certain car nul n'en est jamais revenu » Je n’ai jamais réussi à traverser le cimetière, tour à tour retombant sur mes pas, ou incapable de percer l’épaisseur des tombes en restant cantonnée aux murs d’extrémités.
Je suis revenue du cimetière, le temps d’arrêter la ville, et ai fait une carte succincte, de quelques districts. Passant de tombes désarticulés à la plume, à des abécédaires tombales au stylo noir, de cafouillis de mots, aux marbrures encrées d’escalier pour échouée sur les discours gravés des stèles.
Dans le cimetière, on découvre, dans la carte, un territoire inconnu, pas encore vraiment cartographié, le district 2047. Celui qui s’ouvre sur la ville. Ce lui où flotte, là aussi, un temps qui n’est pas le nôtre.
Et puis bien sûr, il y a Bashung, la dernière aube avant la nuit, et sa magnifique imprudence, qui en dit long, sur le temps suspendu. Parce qu’il y a toujours Bashung, parce que c’est pour lui, pour l’idole de mon père, la première fois, que je suis entré ici.
Et que depuis, de l’aube à l’aube le temps s’est arrêté.