Du jour au lendemain
On habite quelque part, et soudainement, pour quelque raison, on ne revient plus.
Je connais quelqu’un qui est partit
Il ne pouvait plus rentrer.
Que restait-il alors ? Quelles traces, qu’il avait habité là ? Lui et pas un autre ?
Comment ne pas oublier, ce qui avait été à lui. Son quotidien, son désordre, ses affaires.
J’ai photographié ce qu’il restait, après son départ.
Tout était là.
J’ai cherché ses habitudes, ses encas préférés, ses passe-temps.
(On ne peut pas reconstituer une routine, quand plus personne n’est là.)
Je lui ai apporté les photos.
Là où il est arrivé, du jour au lendemain.
Pour qu’il se rappelle, tout ce qu’il reste, tout ce qu’il a laissé.
Un jeune homme quitte soudainement sa chambre.
Que reste-il de lui, dans cet appartement familial ?
Après avoir photographié l’ensemble de l’appartement, Cléa a regroupée une série de photos sur ses traces, son appropriation de son habitat. Et le vide immobile laissé par son absence.
Notre encombrement de l’espace va peu à peu s’effacer, être grignoter, par la vie alentour.
Que reste-il de nous, une fois que nous sommes partit ?
Qu’est-ce qui atteste que nous vivons bien là, et pas ailleurs ? La présence de quelqu’un se résume à peu de chose, un lit pas fait, des devoirs, des chaussures. C’est tout ce que l’on laisse derrière nous, le jour où, sans rien prendre, on ne revient plus.
Déplacé dans un espace qui n’est pas le sien.
Sans aucunes affaires, aucune appropriation, il ne restera rien, lorsqu’il partira de cet espace-là.
Une chambre d’hôpital, restera une chambre d’hôpital, et non la sienne.