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Carte Mémoire

Le paysage reste continu mais ce n'est plus ces lignes directrices, sages qui s'étalent mais un ramassis de formes, de souvenirs. Des fenêtres, le long de la route, à travers une voiture, un train.

Chaque arrêt, chaque visite s'agrandit une vision, un espace, comme un ilot. L'information de la carte s'évide pour laisser place à des images. Images de cartes. Images photographiques.

Quand on ferme les yeux, ce sont ces minuscules morceaux que l'on voit, comme une constellation.

Cadre-carte sur nos souvenirs : un même paysage, toujours cette même apparence de carte mais soudain sans intérêt d'autre que la mémoire, sans intérêt d'information, vu que nous les connaissons déjà, vu que ces informations, devenues personnelles, ne sont alors lisible plus que par nous et vide aux yeux du reste du monde.

Une carte parsemée de trous est une carte usée, visitée. Une topologie de souvenir que l'on ne voit plus nette. Creusées en glissement de terrains, un reste abandonné, comme ces fiches-cartes-horaires dans les gares TER. Une carte ou les fenêtres du voyage sont incompréhensibles comme les souvenirs de quelqu'un d'autre, alors comme un territoire déjà conquis, inatteignable.

Mais la carte reste encore, on n’enlève pas des kilomètres de terre, il n'y a pas de zone vides, alors ne reste que des routes illisibles, des bouts de cartes mémoires.

Les lieux ravis, listés, comme un album photo, comme un carnet-road-trip. En liste, en typologie, parce que dans les souvenirs, ils s’aligneront, d'une couleur étrange et égale, sans raison autre que d'exister.

Les détails cartographiques d'un atlas, un instant microscopique figé sur la pellicule.

Ce qu'il y a au delà n'est pas quantifiable, visualisable, sans importance, sans information, comme un dessous de carte. C’est un ensemble abstrait de ligne, de couleur, de formes. ca s'efface en quelques secondes au déjà de nos vitres fermées. Les vides : on ne les regarde jamais vraiment, parce que la carte s'étend partout, comme les routes et les souvenirs, jusqu'a bout du monde : telle une fenêtre sur le monde, non pas tel qu'il est mais tel qu'on le perçoit.

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