666 MAISONS
Installation : avenue Pierre Mendès-France

Les maisons s’additionnent à perte de vue. Sur une fine bande de terrain, droite sur les palissades.
In-situ 666 maisons est un encollage d’habitations qui se suivent, comme des appartements que l’on agence à notre gout.
Où l’on est timide. Où l’on ne s’impose pas. C’est pas encore chez nous. C’est encore un chantier.
Le manu militari de l’affichage sauvage face les dernières technologies.
Rien de plus pour s’enfoncer dans la nuit qui borde les chantiers de la ville.
Il y a l’allée des brouillards à Montmartre mais ce n’est pas là que les enfers se cachent.
La porte des enfers c’est là où la lumière n’est pas encore. Là où tout reste à construire.
Les chantiers.
Tu aurais dû te dire, la ville, l’urbanisme, ça change tout le temps. Que ton quartier n’existe plus à la seconde où tu le quitte.
Le diable fait sortir de terre des complexes de bétons et toi ? Tu te fais avaler par les longues bandes de possibilité qui s’offre à tes pieds.
Tout ce que tu aimes c’est les travaux. Mais jamais le résultat. La maquette, la construction, le bruit de la poussière et les grues. C’est ça chez toi. C’est ce quartier qui n’en finit pas de se construire. Ce n’est pas une fois que les baraques de chantier sont parties.
Tout se construit. Tout le temps. Les maisons évoluent. Se diversifient. On aligne. On s’entasse. C’est pareil.
Infinies palissades vertes et grises. Rien qu’à les voir on imagine le bruit que ça fait, quand on s’y heurte, quand on y laisse traîner un objet dur. Le tac-tac-tac-tac-tac des dimanches de printemps. On le connaît par cœur ce bruit-là. La future démence en béton n’existe pas encore alors. On l’imagine. Puis on imagine les gens dedans.
C’est la nuit. Tout est possible. Même faire apparaître des centaines de maisons, en ligne, à la chaine. Parce que c’est ce que ça va être. A peu de chose près. Un paquet de maison.
666 maisons en construction.
C’est le diable qui habite à l’horizon de la ville.